Au mouillage le vendredi 1er novembre 1991

Que de temps perdu à cause des caprices de Dame Nature. Depuis le 26 octobre, alors que nous partions de New York, pour Sandy Hook, une semaine s’est écoulée et nous n’avons toujours pas progressé dans notre périple… Paul invite Phil pour le petit déjeuner, avant son départ qui devrait être aujourd’hui. Notre invité tient absolument à vérifier à nouveau la boîte à garniture, cause possible du trop-plein de la cale. On se met à table à 8h, mais Phil qui ne mange jamais le matin, prend seulement un café. Après son départ, je dois débarrasser le coin du lit du capitaine- Quel barda! J’en profite, avec l’aide de Paul, pour faire l’inventaire des 2 soutes sous le matelas. Puis Paul saute dans le youyou et retourne en ville pour faire la lessive et pour essayer encore de trouver une nouvelle lampe de navigation pour l’arrière d’Arabesque. Pendant ce temps, je range la cabine et change nos draps. Mam’selle dort sur nos serviettes que je voulais étendre au vent sur la ligne de sauvetage. Après dîner, nous décidons pour de bon de partir demain, vers Manasquan, N.J. donc, en mer. La nuit tombe vite depuis le retour à l’heure normale, mais nos lampes à l’huile répandent une douce lumière ambiante en même temps qu’une certaine chaleur.

Sandy Hook, NJ – Manasquan, NJ le samedi 2 novembre 1991

9 h 30 Départ, tant attendu. À la sortie du chenal de la marina, vagues de 6 pi. -8 pi, vents du sud, donc de face, qui font vibrer Arabesque durant le tangage et le roulis qui s’ensuivent. Être barreur n’est pas de tout repos ce matin. Après une heure, je demande à Paul de me relayer pour les 2 prochaines heures. Je dois insister pour le remplacer, mais il faut tout de même qu’il se repose de temps à autre, le Capitaine. Nous avons enfilé nos harnais de sécurité et circulons sur le pont avec notre laisse (genre cordon ombilical de 7 pi.), accrochée à une solide amarre de nylon de ¾”, qui est fixée de l’avant à l’arrière du voilier. C’est moins encombrant que je soupçonnais, mais essentiel par jours de fortes rafales avec houles de même type.

Mams’elle aussi porte son harnais et sa laisse. D’ailleurs je lui interdis l’accès du pont quand on vogue en haute mer, comme aujourd’hui. Elle pourra se rattraper à l’étape. À 17 h.45, on rentre fourbus (ayant dû nous battre contre le suroît tout au long du jour) à Manasquan, N.J. Cherchons un mouillage. Trouvons finalement du côté nord du bassin. Phil Daley s’attache en couple avec nous. Gregg et George Templeton sont à quai à la marina. Utilisant le youyou, Phil nous suit dans son pneumatique,  rejoignons les Templeton pour l’apéro au Yatch Club de Brielle. Ils nous prêtent la clef des douches, belle salle de bains propre. Quel plaisir que de pouvoir enfin se détendre sous l’eau chaude et de pouvoir se recoiffer comme une femme plutôt que comme le moussaillon pas trop soigné des derniers temps. Nous 5, décidons de souper ensemble au restaurant du Club. Très généreux, George insiste pour payer la note. Puis, retour à nos voiliers en youyou. La marée au jusant, nous charrie presque sans effort, (sans trop de contrôle non plus), vers le pont à bascule ouvert. Le courant est trop fort pour le contourner sans nous briser sur ses piliers. Avec l’aide de Phil qui nous prend en remorque (les deux annexes sont à rame), on réussit enfin à passer SOUS le pont, situé à peine à 1m au-dessus de nos têtes. Faut dire qu’il fait très noir pour faire ces manoeuvres. En rentrant on se met au lit sur-le-champ, où Mams’elle nous a déjà précédés. Il n’est que 22 h, mais demain on se lèvera à 4 h, pour partir très tôt vers Atlantic City, N.J., distante de 50 milles.

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Au mouillage le vendredi 1er novembre 1991 Que de temps perdu à cause des caprices de Dame Nature. Depuis le 26 octobre, alors que nous partions de New York, pour Sandy Hook, une semaine s’est écoulée et nous n’avons toujours pas progressé dans notre périple... Paul invite Phil pour le...