Soirée pleine lune, raquette gros mollets (vers le refuge Healey) – mercredi le 4 mars 2015

par Christiane Bernier

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Ballade sous influence

16h35. P 15. Parc de la Gatineau

Nous sommes dix, à battre le stationnement de nos bottes et bâtons, en attendant le départ. Un peu d’excitation, quelques retrouvailles, de nouveaux visages. Tous contents d’être là.

Le vent du nord marque sa souveraineté. On espère le bois, pas trop loin, qui nous enveloppera.

Ça y est, en route !

Le sentier, aplani par d’autres marcheurs tout aussi enthousiastes, fait opter pour les crampons, laissant les raquettes vouloir une neige neuve.

Petit vallon que l’on attaque avec entrain. Descente et remontée pour se mettre en forme. Un arrêt à l’entrée du boisé où l’on admire, au loin, la poésie de cette neige vierge de pas humains. Le vent nous quitte enfin.

Puis c’est le bois, princier sous le soleil qui penche. Reflets dorés des arbres. Sourires des marcheurs. Les gazelles vont devant, énergiquement, comme d’habitude.

Les autres se coulent dans un pas modéré, agrémenté de jasing. On échange les nouvelles. On fait les mises à jour.

Le temps est au beau.

17h05. Au marais

Bien échauffés, toujours enthousiastes, une pause : pour le bonheur de se sentir dans un ailleurs, au milieu de la forêt. Pour vivre la chance de cette généreuse beauté qui s’offre à nous.

17h40. Refuge Healy

Le soleil se meurt après nous avoir accompagnés jusqu’à la porte. Merci à lui.

Une sympathique petite famille, déjà attablée, jouit du congé scolaire. Ils ont alimenté le poêle. On s’installe. On déballe. On s’exclame. On rit. Ben voyons! On ne mangera jamais tout ça! Abondance et découvertes gustatives. Il y a là des mousses de crevettes et de homard. Des trempettes. Des pâtés. Des feuilletés aux champignons. Des entrées chaudes de pois chiches, de fruits de mer aux amandes. Du riz au cari, des salades, du taboulé, du riz mexicain, des fromages, toutes sortes de pain et biscottes, des noix, des dattes, des gâteaux capuccino… alouette! Et, bien sûr, quelques petits boires de choix pour relever le tout.

La chaleur est intense. Dans les yeux. Dans les sourires.

On n’en finit plus de servir et se resservir. D’échanger des recettes. De chanter. De raconter…

Bref, de parler de toutes ces menues choses qui font la vie lorsqu’on est heureux.

19 h 10, déjà ?!

Pas le choix : on ramasse. Remet blousons, tuques, crampons. Les sacs à dos sont moins lourds. Mais le ventre… !

Dehors. Elle est là, qui nous attend, splendide dans son ciel mottonné. Veille de pleine lune.

Un moment de pur émerveillement. On hésite entre un silence béat et des appels hululés aux loups garous.

Puis la marche reprend. Ouf! La remontée du départ…

Bientôt on éteint les lampes frontales, nous laissant séduire par les ombres lumineuses qui dansent sous les arbres et sous nos pas, créant des halos lunaires de présence magique.

Silence et féérie. Plénitude d’être en soi, avec d’autres, dans ce ravissement.

Nouvel arrêt au marais. On tente de retenir la nuit, qui se dérobe : les photos ne retiendront rien.

Qu’importe… le souvenir se grave en nous, étincelant et chaleureux.

Mais voilà la dernière crête : entre ciel laiteux et neige lumineuse, nos silhouettes sombres sur l’horizon.

Au loin, des lampadaires.

 20 h 05. Au P 15

Retour. Trop vite. On n’est pas prêts à remettre nos allures de ville.

Pourtant, on n’est déjà plus les marcheurs qui sont partis quelques trois heures plus tôt.

La lune, toujours vaillante et magnifique, pour notre bonheur, a su résister jusqu’à la fin aux désirs des nuages voulant l’encapuchonner. Le charme a opéré.

Sous l’influence d’une euphorie d’hélium : on flotte.

Enchantement, harmonie, rires et partage… Un câlin pour la route.

Merci Marie de nous avoir conviés à ce banquet de la nuit.

Compte sur nous l’an prochain !