Le 5 octobre 1991 — Évasion : Chroniques de voyage à bord du voilier Arabesque

À quai au Port de Prescott (Ontario)

Le capitaine et sa « première maîtresse »

Jour de départ anticipé, puis différé, à cause de grosses brises, ma foi plutôt tièdes, mais contraires. Nous profiterons de ce répit inespéré pour terminer certains travaux essentiels dont : installation d’une nouvelle pompe dans la soute intérieure à tribord, en plus de sécuriser, côté tribord, le filet de sécurité installé à partir de la ligne de sauvegarde qui ceinture le pont des deux côtés. Je compte personnellement beaucoup sur ce filet pour retenir à bord par gros temps, Mam’selle, notre « Tabby argentée » âgée de 5 ans. Quoique d’après notre expérience passée, les chats étant plus sages que les humains, elle se cachera sans doute dans une soute durant ces moments là.

Mam’selle

Dans l’après-midi, une petite vedette qui était encore à quai, décide de quitter la marina. À peine a-t-elle franchi le brise-lames du port, qu’elle subit un arrêt de moteur. Les vents soufflent avec encore plus de violence et menacent de briser cette frêle nacelle sur les rochers qui protègent l’entrée de la marina. Paul se rend à leur rescousse et organise le sauvetage après avoir alerté la Garde côtière. Comme il n’y a que quelques voiliers encore à quai, on manque d’effectifs pour le sauvetage, mais finalement, Paul et quelques bonnes âmes réussissent à dégager l’imprudent, qui revient se réfugier à la marina.

Puis « c’est l’heure de la dînette », nous nous rendons au Rainbow Inn, à Prescott pour notre dernier repas en terre canadienne. Un délicieux « Steak Diane » arrosé d’un carafon de blanc nous remet d’aplomb après cette journée remplie de péripéties. Et dire que nous ne sommes même pas encore en route!

Au retour, nous invitons Gail et Wes Covington à bord. Ils ont déjà fait le Voyage vers le Sud l’an dernier, sur leur voilier “GO FOR IT lll ”, à gréement « WISHBONE », donc, un “Nonsuch”. On partage une bouteille de “Captain’s Selection”, pendant que nos invités nous prodiguent force bons conseils et recommandations au sujet des canaux des systèmes Érié et Oswego. Gail mentionne également de bons mouillages sur l’I.C.W. (Intracoastal Waterway). Il s’agit d’une voie maritime interne navigable et longeant la côte est des États-Unis. Le même système existe d’ailleurs sur la côte ouest des ÉU. Ces voies navigables ont trouvé leur origine, probablement au 19e siècle, alors que nos voisins du sud craignant une invasion provenant des côtes, soit de la fière Albion ou pis encore, de leurs voisins du Nord avaient chargé leur Corps d’ingénieurs de ce tracé et de son exécution. On a donc utilisé aussi souvent que possible les rivières, petits lacs, etc. existants, en ajoutant des sections et canaux creusés, au besoin. Les Ingénieurs de l’armée en ont toujours la responsabilité et voient au dragage et à l’entretien, d’une façon régulière.

Allons enfin au lit vers 23 h 30, anticipant un départ de grand matin, pour demain.