Le 17 novembre, 1991 — Évasion : Chroniques de voyage à bord du voilier Arabesque

Bellhaven, NC – Oriental, NC (Whittaker Creek Marina) le dimanche 17 novembre 1991
5 h 40 Départ tel que prévu, mais le soleil n’est pas encore au rendez-vous : à peine une faible lueur à l’orient, commence t-elle à pâlir à l’horizon. Désappointement : Desamar craint les vagues et les vents de la rivière Neuse et donc, ne partira pas avec nous. Par contre, un jeune homme (Kerry), voyageant en solo sur un catamaran Turning Point, nous accompagne. Debbie et Evans ont passé la soirée avec lui hier soir. Il fait froid, 44 ºF ce matin, ce qui fait contraste avec hier alors qu’il faisait 76 ºF et où j’avais porté des shorts (première fois du voyage), pour aller faire les courses. En soirée on portait nos pantalons blancs tellement la nuit était douce.  Mais le soleil se met de la partie et à 8 h, le mercure monte à 58 ºF. Serions-nous vraiment en direction sud? Oui, mais notre moteur s’en moque éperdument. En effet, vers 13 h 30, il arrête sans crier gare, comme la première fois dans le lac Ontario, il y a plus de 5 semaines déjà. Heureusement, un bon vent arrière, souffle. Pour accompagner le foc, nous hissons la grand’voile et continuons sur la rivière Neuse, direction Oriental, , puisqu’il n’est pas question de continuer à voile jusqu’à Beaufort, distante encore de 4-5 heures. Également, avons encore un autre canal étroit et peu profond à franchir. Celui-ci est ensablé et encombré de troncs d’arbres submergés, sur une distance de 15 milles. Sans moteur, ce serait impossible à négocier. On se fait donc remorquer (notre assurance de Boat U.S., prévue pour de telles circonstances, se chargera des frais), vers cette superbe marina de Whittaker Creek à Oriental, N.C. Ce hâvre est entouré de pins et de chênes dont les feuilles tombées bruissent sous nos pas dans un sentier de fin gravier menant à la luxueuse capitainerie, dotée de bureaux, beau magasin d’articles maritimes, salon, douches immaculées et restaurant. Tout ça à 0,85 $/pied, électricité comprise. Et demain, lundi, un mécanicien -un VRAI, cette fois – sera ici à 0 8 h pour vérifier notre moteur. J’emmène Mam’selle faire une promenade écourtée, lorsqu’elle décide de rentrer à toutes jambes à bord. Je dois laisser la laisse. Mais elle saute à bord sans hésitation. Elle reconnaît bien son logis. J’oubliais : avions perdu l’annexe, Arabesque lors de notre panne sur la rivière Neuse. Une vedette « Vitamin Sea », l’avait récupérée, puis remise à Sea Gull , qui l’a ramenée à la marina. Que de générosité de la part des gens sur l’eau! Nos compagnons de l’Armada vont continuer sans nous jusqu’à Beaufort, quitte à nous attendre le temps qu’il faudra. Nous prenons donc cette halte forcée aussi bien que possible. Appel au pays, à Mark cette fois. Puis, aux douches. Ensuite un apéro, suivi d’un bon steak/frites, arrosé d’un petit Chablis bien frais et bien sec, au resto de la marina. De retour à bord, regardons la télé, puis tôt au lit, car la journée a été longue et fertile en émotions. De plus, le lever avait eu lieu à 4 h 15, ce matin.