Par: Lucille Fauteux,

(Globe-trotter, épouse, maman de trois fils et mamie de six petits-enfants – Ottawa)

En 1967, New York m’a inoculé la passion du voyage. Une piqûre contagieuse avec 92 pays au compteur sur 6 continents. Mes intérêts riment avec nature, culture, aventure, circuits hors normes, splendeurs inédites, flore et faune insolites. J’adore les belles rencontres avec les peuples authentiques et les minorités ethniques. Après avoir bossé pendant 30 ans à l’école des petits, tout en explorant la planète bleue l’été, la retraite me permet de bourlinguer à l’école du monde l’hiver et l’automne. «Il n’existe pas de remède à la curiosité.» Ellen Pare.

Ma dernière escapade d’un mois, avec mon conjoint, à l’hiver 2013, m’amène au Brésil, pays de tous les superlatifs, où vit la plus grande communauté catholique du monde. Un pays peu courtisé par les Canadiens. À vol d’oiseau, un immense tapis vert forêt se déroule sous mes yeux. À ma descente à Sao Paulo, la plus grande ville de l’hémisphère Sud, la touffeur me colle à la peau. Un soleil estival généreux! Le mercure flirte avec les 30-35oC. Le climatiseur ou le ventilateur est une question de survie au Brésil comme le chauffage au Canada.

Rio de Janeiro, la «ville merveilleuse», au nom évocateur, Corcovado, Pain de sucre,  montagnes verdoyantes, baie bleu azur, mythiques plages de Copacabana et Ipanema, célèbre Carnaval. Quel coup de cœur que ce défilé des meilleures écoles de samba! Une nuit de carnaval festive, folle, débridée (21h00-05h00)! Un kaléidoscope de musique, danse, chars allégoriques titanesques, costumes exubérants, plumes, strings… d’une inventivité inouïe. Du bonbon pour les pupilles. Un rêve parfaitement irréel. Immense paradoxe que ce pays où richesse et pauvreté cohabitent! Rio compte 500 favelas (bidonvilles) pacifiées par le gouvernement en vue de la Coupe du monde de football, la FIFA en 2014 et les JO d’été en 2016. Une demi-journée, d’escalier en escalier, dans la favela Rocinha, la plus grande d’Amérique (250 000 habitants), reste un moment émouvant tatoué dans ma mémoire.

La plus belle carte postale naturelle du monde s’écrit à Iguaçu avec ses 275 chutes spectaculaires, ses constellations de papillons colorés et ses rendez-vous sous les embruns avec la faune locale : coatis, serpents, varans, tatous… Un Éden pour photographes d’une beauté irrésistible. Féerique. Iguaçu n’a rien à envier aux chutes Victoria.

Brasilia, jeune capitale (1960), futuriste, est née sous le président Kubitschek et les efforts conjugués de quatre génies créateurs, l’urbaniste Lúcio Costa, le légendaire architecte Oscar Niemeyer, très primé, décédé le 10 décembre 2012 à l’âge de 105 ans, le paysagiste Burle Marx et l’artiste en arts plastiques, Athos Bulcao. La ville se décline en une merveilleuse harmonie d’architectures, sculptures et jardins saisissants.

Une escale s’impose dans la région du Minas Gerais, l’eldorado de l’or au XVIIIe siècle, qui recèle de charmantes villes historiques coloniales, des églises à l’architecture baroque et des ruelles pentues pavées de pierre. La région est plantée de grands arbres fleuris, carêmiers (floraison de 40 jours) violets ou roses, tulipiers orange, ipês jaunes, kapokiers fuchsia….

Cap sur le Pantanal, le plus grand marécage du monde où pullule une vie sauvage unique exceptionnelle pour les amateurs de safaris-photos! Les excursions diurnes en 4×4, à pied, en canoë et à cheval me font découvrir une pléthore de grands oiseaux : nandous, jabirus (emblème du Pantanal), ibis, aigles, vautours, faucons, hérons, aigrettes, cormorans, aras hyacinthes bleus sans négliger les buffles d’eau et loutres géantes pendant que les caïmans et capibaras, les plus grands rongeurs du monde, musardent au soleil. Une sortie nocturne m’invite dans l’antre secret des tapirs, cerfs de marais, renards crabiers et même d’un fourmilier portant ses bébés au dos. Un bonus : la transhumance d’un millier de zébus sous l’œil de cowboys à cheval! Le pays compte 205 millions de zébus contre 201 millions d’habitants!!! Pendant l’été austral, c’est le soleil mur à mur au Brésil sauf au Pantanal et en Amazonie en pleine saison des pluies. Le prix? La flotte dans les bottes. Les chevaux pataugent dans l’eau jusqu’à la croupe. Face aux vicissitudes du climat, le chasse-moustiques, l’imperméable et les bottes de pluie sont de mise.

L’Amazonie, la plus grande forêt tropicale du monde! Le plus vaste écosystème du monde, riche d’une extraordinaire biodiversité animale et végétale! L’Amazone, le 2e plus long fleuve du monde (6275 km)! La jungle est un bestiaire fabuleux : singes, iguanes, paresseux, dauphins, toucans, aras rouges, les plus grands des perroquets (un mètre). La  pêche aux piranhas dans la forêt inondée s’avère miraculeuse. Un rêve réalisé. Un soir, l’Amazone me dévoile un trésor unique, un bébé caïman à caresser. Le temps s’arrête. Un moment intense. Un repas chez d’hospitaliers «Caboclos» (métis issus de Portugais et Amérindiens) avec leurs mioches, dans leur demeure sur pilotis, est un autre temps fort de mon exploration brésilienne.

Salvador de Bahia respire l’Afrique car les descendants d’esclaves africains ont su préserver leur culture dans un décor bucolique sur l’Atlantique. Dans cette vibrante et séduisante ville aux murs pastel se marient les danseurs de capoeira (association de combat et danse), les percussionnistes et les souriantes Bahianaises dans leur large jupe virevoltante à cerceau.

1-    Avant le voyage :

Primo, tout voyage demande une planification incontournable. J’achète des guides de voyage et la carte du pays à visiter. Secundo, suite aux lectures, j’établis les points d’intérêt et je bâtis un circuit sur mesure, voire cartésien. Tercio, je réserve les billets d’avion et les nuitées via Internet. Je consulte et je coche ma liste d’effets personnels essentiels à mettre dans ma besace… Ayant des goûts éclectiques, je joins parfois un groupe organisé à partir du Canada. Pour le Brésil, j’ai choisi une agence locale qui a coordonné le tout selon mon itinéraire.

 2-    Pendant le voyage :

J’aime entrer en relation et créer des liens avec la population locale par le langage non verbal, les poignées de main et les petits souvenirs du Canada, cette différence qui illumine le regard et dessine des sourires. Si je peux visiter une école, mon cœur bat la chamade à la rencontre d’écoliers. Je suis ouverte et réceptive à l’imprévu, à l’inconnu. Indispensable, mon journal de bord sert à colliger les coûts au quotidien, les anecdotes, les coups de cœur, les impressions, les coordonnées de certains voyageurs et locaux ainsi qu’à identifier les photos. Mes généreux voisins veillent sur ma propriété (déblayer la neige en hiver, couper le gazon en été, cueillir le courrier) et vice versa. Mon fils qui habite à 30 minutes d’ici abreuve mes plantes.

3-    Après le voyage :

La tête farcie d’images impérissables, un choix judicieux de photos éloquentes, significatives ou inspirantes s’amorce. Plusieurs sont élaguées. D’autres sont imprimées, mises en albums et identifiées, une stratégie mnémotechnique pour immortaliser et revivre mon périple et partager ce livre ouvert avec parents et amis. J’expédie toujours les photos promises. En groupe, des voyageurs deviennent parfois de bons amis avec qui je reste en contact. Je rédige une synthèse de mes pérégrinations sous forme de poème en hommage au pays d’accueil. Quand on croit avoir tout dit, rien n’est moins vrai. Seule l’âme du voyageur a vécu, humé, touché, ressenti et en revient transformée. Et cela est indicible.

Conclusion :

À mon avis, LA destination idéale n’existe pas… Elle est tributaire des intérêts et des attentes, donc, très personnelle. Il y a trop de destinations idéales pour en établir une hiérarchie objective. Ma suggestion aux retraités migrateurs se résume en une citation de Mark Twain : «Dans 20 ans, vous serez plus déçus par les choses que vous n’avez pas faites que par celles que vous avez faites. Quittez le havre de la sécurité, laissez les alizés gonfler vos voiles. Explorez, rêvez, découvrez.»

 

 

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Par: Lucille Fauteux, (Globe-trotter, épouse, maman de trois fils et mamie de six petits-enfants - Ottawa) En 1967, New York m’a inoculé la passion du voyage. Une piqûre contagieuse avec 92 pays au compteur sur 6 continents. Mes intérêts riment avec nature, culture, aventure, circuits hors normes, splendeurs inédites, flore et...