Par Lise Thériault (photos fournies par Anne Duguay)

Venir en Corse, c’est très dangereux car on risque de ne jamais vouloir en repartir!

Pour s’exercer à randonner en Corse, il faut s’acheter suffisamment de cailloux de toutes les tailles et formes pour remplir une surface de 3 pieds sur 8 pieds et marcher dans ce mini sentier pendant 8 heures d’affilée, en variant l’inclinaison régulièrement. Les pauses sont permises aux 2 heures, pour consommer des biscuits corses, de la charcuterie corse, des tartines de figatellu ou de terrine de sanglier, du fromage corse et des chips comme légumes, ou pour boire de l’eau, du thé ou du café.

On savait quand on partait mais pas quand on arriverait…

Des passages vertigineux, il n’y en avait pas, juste quelques endroits «où tomber n’était pas une option»

S’agripper aux roches, ça abîme les ongles; le vent, ça décoiffe aussi, alors vaut mieux s’attacher les cheveux.

Des roches, il y en avait partout, des grosses, des petites, des rondes, des plates, des pointues, des carrées, des roses, des noires, des beiges, des noires et blanches, mais en général on voyait surtout des chaos granitiques, sauf à Bonifacio, où c’est le calcaire qui domine.

Un train de chenilles, je sais ce que c’est maintenant.

On a vu des cochons, des vaches, des chèvres, des brebis, des taurins, des mouflons et des chevaux en liberté, mais les poules, elles, étaient gardées dans un enclos!

Les beignets au brocciu goûtent le ciel selon Hélène M. , et de la soupe corse, on en aurait mangé chaque jour. Tout était très bon et c’est impossible de mourir de faim en Corse.

Je n’ai pas rencontré un seul brocoli du voyage, ce n’est absolument pas une destination pour les végétariens ou pour ceux qui surveillent leur cholestérol de près! Par contre, on a eu droit à une tonne de haricots verts aux lardons à la Bergerie de Croci.

Quand un vrai Corse parle, vaut mieux bien écouter ce qu’il dit, car les Corses n’aiment pas répéter 2 fois et ont mauvais caractère apparemment, mais ils ont surtout un drôle d’accent : une soupe devient une sup, du boeuf devient du buf. On risque de rester sur sa faim si on répond «non» quand ils nous en offrent.

Vaut mieux aussi écouter les guides quand ils parlent, car même s’ils répêtent 10 fois la même chose, après cela, c’est fini, tout le monde s’énerve et on risque de manquer le bus.

Le paysage était grandiose mais il faut lever les yeux pour le voir – on voit surtout les cailloux et les bottes de la personne qui nous précède.

Randonner en Corse, ça demande une concentration sans relàche jusqu’à ce qu’on soit rendu à l’hôtel. Heureusement, on finit toujours par s’arrêter, par exemple parce qu’on a trop chaud sous son imper dès qu’on le met, ou parce qu’il se met à pleuvoir dès qu’on l’a enlevé (mais il ne pleut pas souvent en Corse).

J’ai appris un tas de mots nouveaux en Corse, en particulier liés à la roche. Je sais maintenant faire la différence entre un tafone et un téléphone et je peux reconnaître une immortelle d’Italie qui sent le cari et qui guérit les bleus qu’on se fait en tombant sur les roches.

La châtaigne n’a plus de secrets pour nous, je ne confonds plus les figuiers et les marronniers, ni les platanes et les eucalyptus.

Je constate aussi que la nature peut créer des rocailles fleuries naturelles d’une grande beauté et gruger la roche pour sculpter des coquillages, des tours, des bouches, des yeux, un gouvernail, des vagues et même des cochons; la nature peut même faire des trous ayant la forme de la Corse (soit celle d’une main avec l’index pointé vers le ciel), ou du chapeau de Napoléon, ou creuser un coeur rouge dans la roche ou imiter des amoureux qui s’embrassent. A moins que ce ne soit Julien qui s’amuse à arranger la nature?

Ceux qui aiment la rando sur le plat devraient s’abstenir de venir en Corse; ça monte et ça descend souvent mais c’est très rarement plat et lisse…

Le vin est bon en Corse, ça porte à en boire beaucoup, faites attention!

Pour voyager en Corse, il faut s’apporter des Gravol, car le GR20 ce n’est rien comparativement aux trajets en bus.

Il n’y a pas beaucoup de moustiques en Corse mais ils sont très corses, c.-à-d. très très attirés par les filles.

J’ai appris à marcher en Corse, tout d’abord en ballerine dans les descentes en pointant du pied et non en traînant du talon, et à sauter d’une roche à l’autre, en visant les plus grosses et les plus solides. J’ai aussi appris à descendre en canard (ou en Charlot) sur les dalles en faisant confiance à mes bottes, et finalement à marcher en gorille le lendemain de la leçon parce j’avais les cuisses trop endolories pour marcher autrement.

Les bâtons, c’est court pour monter et long pour descendre, mais c’est inutile la plupart du temps en Corse parce qu’il y a trop de cailloux, de roches et de gravillons et que ça fait du bruit quand la pointe égratigne la roche, à moins de mettre des embouts. Vaut mieux transporter ses bâtons dans son sac à dos et leur faire voir du paysage. Quant aux dragonnes, c’est strictement interdit de les utiliser, sinon le guide les coupe.

Un bâton à la pointe affilée est très utile cependant pour couper les ronces qui bouchent le sentier et qui égratignent les mollets nus, et un bâton téléscopé fait un excellent bâton de majorette pour battre la mesure à l’avant quand on est guide.

Parfois trouver le sentier est facile : il suffit de suivre le crottin de cheval ou les bouses de vaches, ça mène toujours quelque part de façon sécuritaire en général. Il vaut mieux toutefois ensuite, une fois arrivé à l’hôtel, enlever ses bottes avant d’entrer et laver ses embouts de bâton (s’ils ont été utilisés).

Si vous voyez une affichette qui dit Sentier des condamnés, soyez avertis, ce sera le purgatoire ou la via dolorosa, avant d’arriver au paradis. Il y a 3 types de montées, en ordre ascendant de difficulté: les montées simples, sympathiques et significatives. Si le guide parle de montée significative (toujours à la fin de la journée, comme surprise), prenez une bonne respiration, ça va grimper à pic et longtemps… Pensez à la Pietra qui vous attend au sommet et vous marcherez plus vite.

J’espère pouvoir encore reconnaître les asphodèles, les digitales, la bruyère, le ciste, le genêt, le houx, le thym, l’immortelle d’Italie, le myrte des maquis, les hellébores, les cyclamens, la lavande, le romarin, les lauriers-roses, le jasmin, le chèvrefeuillie, les eucalyptus, les figuiers de barbarie, les figuiers, les arbousiers, les hêtres, les châtaigniers, les pins laricio, les genévriers, les chênes, les aulnes ou les saules… mais j’en doute.

On peut rapporter un tas de photos de la Corse, mais jamais l’air pur qu’on y respire, ni les odeurs envoûtantes.

On ne quitte pas la Corse, on s’en absente, dit-on.

La leçon la plus importante que j’ai retenue, telle qu’enseignée par Martin, est qu’il importe peu si ce qu’on dit est exact ou non, il suffit de le dire avec aplomb, ça inspire confiance.

Corsi, corsa, Liberta-a-a, la Corse, c’est corsé et j’espère qu’elle ne changera jamais et restera toujours aussi pure et authentique.

 

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