par Francine Poirier

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Voici un petit récit réalistico-humoristique de notre croisière pendant la crise du Coronavirus.

Mon été 2019 a été particulier : on me découvre une sciatique aiguë, marcher est difficile, on parle même d’une intervention.  Quoi? Moi malade! Je rêve d’un voyage en Croatie depuis longtemps et ça y est, je dois y accompagner un beau groupe en septembre.  Pas de choix; je dois annuler. Adieu Dubrovnik, perle de l’Adriatique!

Qu’à cela ne tienne, Gilles et moi décidons d’aller en croisière cet hiver! Et je déniche un bijou : 20 jours sur le Norwegian Spirità sillonner l’océan Indien de Dubai à Capetown à la découverte d’îles de rêve et de ports exotiques.  Peut-être de l’inconscience de ma part, car au moment de la réservation en août, je souffre pas mal (trop à mon goût, en tous cas). Pourrai-je marcher facilement lors des excursions prévues à plus d’une dizaine d’escales? Confiance aveugle me direz-vous.  Mais on fonce quand même!

Par miracle, mon état de santé s’améliore : dès novembre, je peux reprendre la plupart de mes activités habituelles. Le plaisir de la préparation des excursions lors des escales l’emporte sur la douleur : lectures, recherches à l’ordi, communications avec des agences et … surtout la concrétisation d’un rêve vieux de 20 ans – survoler l’île de la Réunion en hélicoptère. Et voilà que le Coronavirus apparaît en Chine fin décembre. Comment cela peut-il affecter nos plans? C’est si loin. Mais, car il y a un mais : un de nos fils s’inquiète et insiste pour qu’on annule. Nous croyons qu’il exagère; tout ira très bien. On a raté la Croatie, on ne va pas aussi rater la croisière!

Le 28 février, on part le cœur léger et les bagages lourds.  La grosse bordée de neige la veille nous indiffère : en effet, on aura du 30°C pendant presqu’un mois! Une fois à bord, nous tombons sous le charme du Norwegian Spirit : 100 millions USD l’ont remis à neuf, on reconnaît à peine le navire sur lequel on a vogué en 2013 – l’aménagement est très moderne, dans des tons sobres et chics. Notre cabine, petite mais fonctionnelle, fera l’affaire. Dieu merci, on a une fenêtre.

Les villes visitées dans les pays de la péninsule arabique sont accueillantes et dynamiques.   Dubai « over the top »fourmille de grues et les gratte-ciels taquinent le firmament. On monte même au 124eétage du Burj Khalifa, la plus haute tour du monde, paraît-il.  Le lendemain, Abu-Dhabi, petit village il y a 20 ans, maintenant la capitale flamboyante des Émirats Arabes Unis, étend ses plages de sable blanc le long du golfe Persique, (lesquelles plages les musulmanes ne peuvent fréquenter!)  Fujairah et Muscat, la capitale de l’Oman, c’est plus mollo. En passant, l’Oman, c’est 50% déserts et 50% montagnes. Pas fort pour l’agriculture!

Et ensuite, l’on relaxe – 4 jours en mer avant d’atteindre les Seychelles, ces îles paradisiaques, s’il en est! Mais le 9 mars, « reality check ».  Les autorités sanitaires des Seychelles prennent notre température et nous devons remplir le premier de plusieurs formulaires certifiant que nous sommes en santé : deux heures en ligne (deux heures de bronzage perdues!) Tout ça pour se faire annoncer le lendemain, que non, on ne débarque pas.  Raison officielle : la capitale, Mahé, n’a pas les installations sanitaires suffisantes pour recevoir 2 000 passagers. Énorme déception! En même temps, à cause des inquiétudes croissantes face au coronavirus, les normes de propreté à bord montent d’un cran : désormais, on nous sert au buffet, alors qu’on se servait soi-même jusqu’à maintenant. Les vaporisateurs de désinfectants se multiplient. Bonne idée.

Et on continue à voguer vers le sud, sous un soleil radieux, avec quelques heures de roulis et de tangage, qu’un verre de vin – ou deux – réussit à nous faire oublier. Le 13, date fatidique : le Canada déconseille tout voyage non-essentiel à l’étranger. Je me fais alors la réflexion suivante : si on était parti deux semaines plus tôt, on n’aurait pas eu de problème; deux semaines plus tard, on n’aurait même pas quitté le Canada. Mauvais timing! Félix avait peut-être raison.

La visite du 14 à l’île Maurice est reportée au 16 – on n’a jamais su pourquoi.  Le 15, on débarquera à la Réunion, c’est sûr – je frétille d’anticipation. Le tour d’hélico tant rêvé, c’est demain. Mais à 18h, deuxième choc – fatal cette fois : nous n’arrêterons ni à Maurice, ni à Réunion, ni aux trois ports d’Afrique du Sud ; nous filons droit vers Capetown. Par crainte de contagion, les pays refusent de nous recevoir. Nous sommes abasourdis!  Quelqu’un de plus philosophe pourrait dire : simple opération mathématique : nos jours en mer sont multipliés par 2 : de 8, ils passent à 16; les ports visités sont divisés par 3 : de 12, ils deviennent 4!  Contre mauvaise fortune, bon cœur!  Notre seule option : profiter au max de notre hôtel flottant : bouffe abondante et appétissante (et pas de vaisselle à faire), bonne compagnie (2 000 amis si on veut), spectacles à la Vegas tous les soirs (de tout, à partir de chanteurs jusqu’à des spectacles à grand déploiement avec plumes et paillettes) … et j’en oublie.

Passent calmement les 15, 16, 17 et le 18 … à 21h00 arrive le coup de grâce : l’Afrique du Sud oblige tout le monde à quitter le pays le 22, alors qu’on devait explorer Capetown jusqu’au 23 en soirée.  Imaginez la panique : 2 000 passagers à la recherche de billets d’avion pour le 22!  Je passe quelques heures de trop à l’ordi à en chercher, avant de laisser la job à notre agence qui en trouve à fort prix. Le capitaine, pas jaseux jaseux, confirme que des navettes nous prendront sur le quai pour nous amener directement à l’aéroport. On dort mieux.

Le 22, on passe la journée dans les aéroports (4 pour être plus précis) et trois vols nous ramènent finalement au pays 36 heures plus tard.  Soulagés, oui, car personne à bord n’a été malade. Encore plus soulagé, notre fils, qui nous sait revenus à temps et en santé. Heureux aussi, car on a fait une belle croisière ensoleillée même si on a vu plus de mer que de terre.  Doublement heureuse de ne pas avoir été accompagnatrice dans une telle situation. Triplement heureux, car Norwegian Cruise Line nous offre des compensations financières intéressantes.

Est-ce que la croisière s’est amusée? Moins que d’habitude! Mais beaucoup plus que des collègues et amis qui vivent présentement des épisodes dramatiques en mer.  Est-ce que je vais continuer à voyager? Certainement !  La COVID-19, ça n’arrive pas tous les ans!

 

 

 

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par Francine Poirier (Veuillez cliquer sur les photos pour les agrandir) Voici un petit récit réalistico-humoristique de notre croisière pendant la crise du Coronavirus. Mon été 2019 a été particulier : on me découvre une sciatique aiguë, marcher est difficile, on parle même d’une intervention.  Quoi? Moi malade! Je rêve d’un voyage en...