À quai, le mercredi 16 octobre 1991

6 h Lever. Nuages. Vents légers, mer calme, du moins, là où nous sommes.
7 h 40. Prêts à démarrer, mais le moteur refuse de tourner! Après plusieurs essais infructueux, Paul se rend à la marina de Brewerton où nous étions passés lundi. Ces gens sont des détaillants autorisés et mécaniciens pour Volvo Penta (notre moteur est justement de cette marque). Le mécanicien Ed Butts revient avec Paul à bord. Il apporte une batterie pour recharger nos accus, qui sont maintenant presque à plat. Mais là ne réside pas la cause de la panne. Après consultation avec d’autres machinistes à la marina, Ed nous annonce que les injecteurs qu’il a vérifiés à leur atelier sont encrassés! Et pourtant, partis du Canada depuis seulement  10 jours et avec un moteur remis à neuf, ce diagnostic surprend…
10 h 40 Ed repart avec les injecteurs qui seront envoyés à Syracuse pour être nettoyés. Espérons qu’ils feront vite et bien, car on risque de prendre racine ici .En attendant, on fait un saut vers la buanderie locale, très moderne et raisonnable. Dommage qu’on ne puisse y trouver des douches… J’y sèche également une couverture, car la pluie qui a duré 24 heures a encore augmenté l’humidité de la nuit dernière et a imprégné cette couverture. Pendant ce temps, Paul va au ravitaillement. On mangera de la poitrine de dinde rôtie et des haricots verts frais, ce soir. Par chance, le soleil brille depuis 9 h 30 et j’ai emmené Mam’selle en promenade. Elle doit trouver sa vie à bord, drôlement « encabanant ». Autre journée d’attente que nous supportons moins bien que la veille- surtout que nos problèmes de mécanique pourraient encore nous retenir dans ce minuscule bled, demain…
*** Un rayon de soleil dans l’humidité de notre vie : justement après les tristes réflexions, ci-dessus, Paul se rend à une maison dont le terrain est attenant au parc. S’adressant aux propriétaires, un jeune couple, Debbie et David Ryan il leur demande la permission de brancher une rallonge électrique dans une prise à l’extérieur de leur maison. Il leur explique la raison de notre présence depuis 3 jours et leur dit que nous raccorderions notre chaufferette électrique s’ils sont d’accord. La météo prévoit une température de 20 ºF ce soir. Et en même temps, on pourrait recharger nos batteries de 12V. Ce couple est d’accord et nous offre même de venir nous réchauffer et à manger dans leur jolie maison terrasse (Townhouse). On leur explique que nous avons tout le nécessaire, que c’est seulement l’humidité et le froid qui nous gênent. De plus, les Ryan refusent toute compensation monétaire pour les frais d’électricité et ô délices! nous invitent à aller prendre une douche. ACCEPTONS avec plaisir, car depuis le 13, à Oswego, aucune occasion de vraies ablutions.
Etonnante, cette générosité envers de purs étrangers, où dans cette ère de commercialisation, on serait porté à croire que de tels gestes ne sauraient exister.
Ensuite, Paul leur laisse une bouteille de vin blanc, comme gage de notre appréciation. Grâce à eux, une douce chaleur règne chez nous et on pourra dormir au sec (et propres) ce soir !

Brewerton, NY – Rome, NY , le 17 octobre 1991
43º 13′ 70″    76º 08′ 27″
8 h 30 Ed Butts nous surprend en rapportant de nouveaux injecteurs en plus les anciens qui ont été usinés et pourraient nous dépanner à l’occasion. Il se met au travail. Mais à 10h, le moteur ne fonctionne toujours pas et Ed nous dit que la tuyauterie à carburant a des fuites- il doit serrer les joints, mais en brise un ce faisant. Retour à l’atelier pour y chercher une nouvelle pièce.
10 h 25Bravo! Le moteur ronronne. Vers 11 h 30, après avoir fait le plein d’eau à la Marina et
après nous être acquittés de la note : 367,24 $U.S., on est enfin en route. Audition d’Amazing Grace. 11 h 45 Première bouée du fameux lac Oneida- la 139. Aujourd’hui, le lac est vraiment calme, est-ce possible? De même que les vents. Seulement quelques nuages au sud. Je suis barreuse pendant les deux premières heures sous un ciel d’azur ensoleillé. La température monte à 70 ºF. On commence à enlever quelques pelures (survêtements). Pendant ce temps, le Capitaine s’affaire à des travaux domestiques : laver la vaisselle d’hier soir et de ce matin, puis  ranger un peu la cabine. Je le laisse faire, heureuse de cet échange de tâches.
13 h Paul raccorde le pilote automatique qui s’acquitte bien de sa tâche pendant une dizaine de minutes, puis soudainement ne répond plus aussi bien à l’allure programmée. Inquiète, je le supprime et reprend mon poste.
14 h Paul prend les commandes et je prépare le déjeuner. Mangeons  sur le pont – il fait si beau et vers 14 h 40, on quitte enfin sans regret, le néfaste lac Oneida à Sylvan Beach.
Et c’est dans le Canal Érié aux mille détours bordés d’arbres habillés de teintes automnales, que nous allons maintenant nous engager. Il ne nous restera que 20 écluses à négocier après notre arrivée à Rome à 19 h. Nous amarrons au quai près d’un terminus de bateaux, heureux des 36 milles parcourus depuis ce matin.

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À quai, le mercredi 16 octobre 1991 6 h Lever. Nuages. Vents légers, mer calme, du moins, là où nous sommes. 7 h 40. Prêts à démarrer, mais le moteur refuse de tourner! Après plusieurs essais infructueux, Paul se rend à la marina de Brewerton où nous étions passés lundi. Ces...