Le 18 octobre 1991 — Évasion : Chroniques de voyage à bord du voilier Arabesque

Rome, NY 43º 88′ 23″ – St Johnsville, NY 75º 46′ 06″, le 18 octobre 1991

Tôt levés,  une épaisse brume    avec moins de 100 pi. de visibilité,  nous retient à quai.  Par chance, le soleil essaie de le dissiper.   8 h 35 Audition d’Amazing Grace. Nous partons donc et continuons de naviguer à régime réduit jusqu’à 9 h 50 où enfin, la brume se dégage. Il était temps, car nous approchons de l’écluse no. 20.

10 h 10  Arrivée au no.  20, mais devons nous amarrer le long du mur, vu qu’une barge montante arrive. La navigation commerciale a toujours droit de passage avant la navigation de plaisance, ne l’oublions pas. Ceci est de rigueur de façon internationale, d’ailleurs. On met pied à terre et on en profite pour faire quelques photos et emmener Mam’selle faire sa promenade rituelle, en laisse. Au bout de 10 minutes à flairer les feuilles multicolores jonchant le sol, et le sol lui-même, elle fonce subitement à fond de train vers Arabesque. Elle réintègre très souvent ses quartiers de cette façon…C’est que la chatte aime bien décider de la direction et du temps consacré à ses promenades en laisse. Aujourd’hui, c’est encore elle qui m’a entraînée vers le voilier. Enfin, passons l’écluse vers 11 h 30, amorçant ainsi la descente (éventuellement vers la mer), dans le canal Érié.

12 h 55 Écluse no. 19. Soleil radieux, quelques rares nuages, après une petite bourrasque, provenant du nord-ouest, d’une duré d’environ 30 minutes, nous accompagnent. Chacune des sinuosités du parcours nous réserve des surprises : parfois c’est un arbre couché sur l’eau pour mieux s’y mirer; un petit pont désaffecté, aux arcades enguirlandées d’herbes folles; ou quelque héron solitaire, faisant le guet sur la berge, pêcheur silencieux dans ce monde sylvestre et lacustre peu fréquenté par d’autres espèces d’oiseaux ou de faune, du moins à ce temps-ci de l’année.

Passage par Ilion, N.Y.- « Berceau de la carabine Remington depuis 1816 », ainsi le proclame une petite enseigne sur la berge, où nous découvrons une jolie petite marina publique avec parc adjacent. Dommage qu’il soit si tôt (14 h 15 seulement), sinon on y passerait la nuit avec plaisir…15 h 15 Écluse no. 18, où l’on pénètre au même moment qu’une barge de plaisance, festonnée de drapeaux américains : c’est en guise de célébration de l’anniversaire de la construction des canaux Érié, en même temps que celui de l’union des eaux des Lacs Érié et Ontario et de la rivière Hudson. Le Gouverneur De Witt de l’époque, en redingote noire et perruque poudrée, vient gentiment nous saluer, juste avant que le Maître éclusier, mette les vannes en marche. M. De Witt retourne en vitesse à bord de sa barge. Il fait 24 ºC (84 º F).

Passage des écluses no. 17 & no.16 sans encombre. Arrivons à la marina municipale, à St. Johnsville, NY, à 17 h 45. Le gérant est absent, mais arrive bientôt. En l’attendant, on se détend dans des douches chaudes, shampoing, etc. Il y a également services et carburant. À .75 $US /pied, c’est raisonnable. Le gérant, M. Glen Laforge, dont la mère était une Poirier, et aurait changé son nom à Périard en arrivant dans le coin, est un hôte affable et obligeant. On va au ravitaillement, incluant 2 gros blocs de glace. La glacière due à la conception et à la fabrication de Paul s’avère très efficace.  En effet, la glace dure plus de 7 jours, et contrairement à un frigo, ne consomme aucune précieuse énergie de nos batteries. Demain, nous débuterons la journée avec l’écluse no 15, près de Fort Plains, NY. À date, sommes rendus au Mile 268. Il nous reste encore environ 1900 milles à parcourir avant d’arriver à Fort Lauderdale, lieu prévu pour la traversée vers les Bahamas. On progresse, mais l-e-n-t-e-m-e-n-t.