Voici un autre savoureux texte de Jacqueline Pelletier. Il est particulièrement apprécié en ce temps de pandémie.

En parler, ça fait du bien! Même ce bon vin rouge ne réussit plus à me faire plaisir! L’anniversaire d’un an du confinement me pousse vers l’écrasement, vers le laisser-aller, vers… j’en peux plus!

Est-ce ainsi, le legs de la pandémie, ce quelque chose de décourageant, une odeur de déprime qui persiste? Que puis-je prévoir pour les mois qui viennent?

J’ai été épargnée par la COVID, tout comme mes proches. Ce n’est mal- heureusement pas le cas des milliers de canadiens et canadiennes qui ont été durement éprouvés par le virus, souvent, malgré leur diligence à respecter les consignes. Comment osai-je me plaindre?

Pourtant, misère que c’est dur! On me dit que d’en parler, c’est bon pour le moral alors, je parle ou plutôt, je réfléchis et j’écris. Cela me fait du bien de me souvenir des premiers temps de la pandémie, des étonnements, des peurs, des rires à se voir masqué.es! Des découvertes aussi…

Premiers mois: vélo stationnaire, lecture, rencontres virtuelles. J’ai même réuni quelques boutons avec leurs vêtements depuis si longtemps abandonnés!

Oops…1.5 kilo en surplus…

Été : escapade de quelques jours chez des amis des Laurentides, en respect des mesures de confinement. La maison est grande, on vit dehors, sur le lac – que ça fait du bien! Fuite agréable aussi vers l’Île d’orléans, question de s’aérer les pensées, de contempler le fleuve, de rire au grand vent!

Automne : je n’ai jamais apprêté tant de repas – j’en perds ma créativité! Contrairement à ceux et celles qui ont élevé une famille et pour qui cuisiner a fait partie du quotidien, moi, je n’ai pas eu d’enfants et j’ai beaucoup vécu dans les hôtels et restaurants étant donné mon travail. J’aime bien cuisiner, mais là, « y’a un boutte à toutte »!!! On a beau avoir un lave-vaisselle, il reste les casseroles, les verres à vin, les gros ustensils – les comptoirs à laver, le plancher à balayer – j’en perds le nord!

Je ne parlerai pas de noël. Les rencontres de famille à 60 personnes, mieux vaut ne plus y penser, en tout cas, pas pour longtemps. Mon calcul: pendant la saison des fêtes 2020, nous avons servi plus de 200 repas en moins qu’à l’habitude. Bon pour le budget, désolant pour l’esprit de célébration.

Oops…3 nouveaux kilos.

C’est la neige qui m’a remonté le moral, la belle neige impeccablement blanche because… pas de voitures sur les routes! Je n’ai jamais tant joui de l’hiver! Tellement que ce mois de mars 2021, notre immense épinette est encore éclairé de ses mille lumières blanches et gare à nous lorsqu’à l’arrivée d’avril, nous allons tout éteindre. Le voisinage entier s’en plaindra!

Eh oui, j’ai pris le temps de réfléchir. Comme vous sans doute. Nous nous souviendrons de ces individus récalcitrants dont l’insouciance a contribué à tant de morts. ces gens qui refusent de se soumettre à la réalité que vivre en société, c’est une affaire de solidarité, d’entraide, de partage, de compassion, de respect de l’autre. Ceux-là, nous ne les oublierons pas, mais le souvenir de leurs écarts n’effacera pas celui des réalisations époustouflantes qui bouleversent pratiques, croyances et habitudes depuis le début de la pandémie! Pensons aux entrepreneur.es qui du jour au lendemain ont transformé leur production pour inventer et créer les masques, gels, purificateurs d’air, tuniques et autres nécessités requises de toute urgence; les politiciens et politiciennes appelés à mettre de côté leurs divergences pour manigancer ensemble les programmes d’aide financière pour soutenir tant les individus que les entreprises.

Les fonctionnaires qui jour et nuit se sont acharnés à analyser les vaccins et équipements proposés, pour négocier avec les gouvernements étrangers et lignes aériennes pour rapatrier les canadiens et canadiennes pris par surprise à l’extérieur du pays! Les marchands mis au défi d’emplir leurs tablettes dénudées. Pensons aux scientifiques et aux laboratoires qui ont mis de côté leurs compétitions habituelles pour collaborer comme jamais auparavant!

Les enseignants et enseignantes, les pères et mères soudain retranchés dans la cuisine, la chambre à coucher ou le sous-sol pour poursuivre leur travail. Les enfants et adolescents qui se sont adaptés aux nouveaux modes d’apprentissage et ce faisant, ont inventé de nouvelles pratiques motivantes, parfois drôles, toujours ras- sembleuses!

Siècle après siècle, des tragédies, il y en a eu pour bouleverser la vie de tous nos ancêtres! Nous avons l’impression de n’avoir rien appris et c’est vrai, nous avons la mémoire courte. Mais tout n’est pas perdu de crise en crise. À preuve, ces vaccins produits en un temps record, distribués et administrés déjà par millions! À preuve, la reconfiguration d’hôpitaux et cliniques dans le but de protéger soignantes, soignants et patients. À preuve le foisonnement de reportages et de documentaires conçus pour alimenter notre compréhension et nos comportements.

Je pense souvent aux artistes, nos éclaireurs, ces êtres fébriles qui voient venir les tendances bien avant la plupart d’entre nous, qui les ressentent, les interprètent et nous obligent à y réfléchir. Ils et elles ont tant souffert de la pandémie, des scènes en noirceur, du silence imposé. Attention, les artistes reprendront l’avant-scène – éclairée et éclairante. Préparons-nous à réfléchir!

Opps..un autre kilo. Oh well..ce beau printemps nous invite à sortir de nos tanières pour saluer la vie, saluer les voisins en distanciation, donner un sens rajeuni à nos vies. À remercier aussi, puisque nous sommes là pour le faire, nous.

Jacqueline Pelletier
membre de REA et membre du CA de la Coopérative funéraire d’Ottawa
Paru ausi dans la revue Vivre+ de la FARFO

 

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Voici un autre savoureux texte de Jacqueline Pelletier. Il est particulièrement apprécié en ce temps de pandémie. En parler, ça fait du bien! Même ce bon vin rouge ne réussit plus à me faire plaisir! L’anniversaire d’un an du confinement me pousse vers l’écrasement, vers le laisser-aller, vers... j’en peux...